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26 Nov

Interview de Lenny Ragot

Destination passion. Sur ces accords endiablés je vous retrouve ce matin en compagnie d’un musicien qui a littéralement le rythme dans la peau, la musique jusqu’au bout des doigts.

Sensible, passionné, autodidacte, obstiné, pragmatique, perfectionniste c’est aujourd’hui dans l’univers de Lenny Ragot que j’ai le plaisir de vous accueillir pour une interview humm comment dire? sucrée. Une pensée affectueuse à mes lectrices qui verront leur taux de glycémie augmenter à la vue de ce beau musicien. lol

Hier, ce talentueux artiste de nature si discrète accompagnait la majeure partie des artistes de la scène locale, aujourd’hui le voilà au devant de la scène pour un nouveau défi: passer de l’ombre à lumière. Laissez vous donc transporter dans cet univers aussi sucré que passionné, entre confidences, et émotions, retraçant le parcours d’un jeune musicien qui décida un jour envers et contre tous de suivre son coeur pour épouser la musique.

_dsc9476Bonjour Lenny,

Merci d’avoir accepté cette interview. Tout d’abord pourrais-tu te présenter pour ceux qui ne te connaitraient pas ?

Bonjour ! Je m’appelle Lenny Ragot, j’ai 32 ans,

je suis musicien martiniquais,

 pianiste mais surtout « claviériste » comme on dit dans le milieu.  En somme, j’affectionne bien plus les claviers et les synthétiseurs que le piano en lui même.

Je suis aussi un « chien-boule» invétéré !! J’adore le football. J’en ai jouer en club assez longtemps et à présent j’en pratique très régulièrement, dès que je peux !

Quel a été ton parcours ?

Je suis autodidacte.

Je suis d’une famille de musiciens

 pour la plupart tous autodidactes aussi. Très tôt, j’ai eu la chance de pouvoir regarder mon père, mes oncles et tantes (après l’entrainement de foot !). Cela m’a toujours fasciné. Ils répétaient dans la maison familiale de ma grand-mère et du coup j’y dormais très souvent !

J’ai toujours été toujours été pressé de quitter le parcours scolaire pour vivre de la musique. Je me suis arrêté à un BEP Vente, puis je suis parti à 17 ans en centre de formation des métiers de la musique pendant 9 mois en France.

Je suis vite rentré chez moi, car durant cette première année j’ai pris conscience des richesses de la Martinique et de l’importance d’y etre né, d’y avoir été éduqué, de son potentiel, de ses talents, ses personnalités, et surtout réalisé que nous n’avions rien à envier à quiconque et à tout point de vue!

J’ai eu aussi beaucoup de chance de côtoyer des musiciens comme Kali, Eric Virgal ou encore Tabou Combo qui m'ont fait confiance sans la moindre hésitations alors que je n’avais aucune expérience de musicien professionnel.

J’ai appris le métier sur scène, au fil des concerts, des rencontres. J’allais souvent assister à des concerts pour observer les moindres détails et me forger ma propre expérience.

_dsc9505Une vocation précoce ?

Précoce n’est pas assez fort ! lol

C’était d’une évidence absolue. J’ai toujours connu la musique chez moi, dans ma maison. Petit, je pensais que les gens qui ne savaient pas chanter ou jouer d’un instrument n’étaient pas normaux !!!

J’ai grandi depuis…. !!

_dsc9497A quel âge as-tu commencé le piano ? pourquoi t’être orienté vers cet instrument ?

J’ai commencé « sérieusement » vers 5 ans. Mon père est batteur, naturellement, j’ai eu ma petite batterie bleue. Ma mère, elle, est pianiste et à l’heure du choix j’ai pensé qu’il serait plus reposant pour eux d’avoir un fils pianiste  plutôt que batteur. 🙂

J’ai choisi aussi le piano par amour pour ma mère et ma grand-mère. J’ai pris des cours avec Léo Lancry mais malheureusement que 6 mois car très têtu j’ai toujours voulu savoir jouer ce que j’entendais à la radio, et non Chopin, Mozart et autres…

_dsc9493Quels regards tes parents portent-ils aujourd’hui sur toi ?

Mon père de la où il est doit être très fier je pense.

Ma mère,

 m’a toujours soutenu, toujours conseillé, toujours écouté, même si j’ai le tord de ne l’avoir pas assez souvent écouté. Elle me pousse encore à faire mieux, à ne pas rester inactif, à continuer de me former, à continuer à apprendre…. 

C’est un bijoux!

J’ai cette chance d’avoir la famille idéale et qui ne blâme personne, ni quoi que ce soit, toujours à l’écoute et unie.

Peux-tu nous parler de ton déclic avec la musique pour qu’elle prenne aujourd’hui cette place dans ta vie ?

Le déclic n’a pas eu lieu par la musique justement, mais par mon entraineur de foot qui m’a pris à partie un jour à l’entrainement devant mes équipiers. J’arrivais tres fatigué le dimanche matin apres les concerts de la veille et  il m’a dit : « Il faut respecter l’équipe, choisir une voie et s’y tenir : c’est le sport ou la musique mon vieux. »

Avec le recul, je le remercie vivement, car je pensais vraiment pouvoir allier les deux.

_dsc9483Quel message souhaiterais-tu faire passer aux jeunes ou moins jeunes afin de les motiver et les aider à se dépasser, à se réaliser pleinement ?

D’écouter les plus anciens !!!! Ils ont l’expérience de la vie, quelqu’en soit le domaine.

De toute façon on aura beau faire, ils se feront leur propre expérience et comprendrons souvent bien tard l’importance des conseils que leur rabâchaient leurs parents pour leur propre bien.

Je pense que rien ne vaut l’expérience personnelle car les leçons qu’on en tire s'oublient rarement.

_dsc9469Qu’essaies-tu de transmettre à travers ta musique ?

Toujours la bonne humeur

, les sensations de joie et de plaisir, de vivre tout simplement !!! On en a bien besoin en 2016……

Un objet fétiche ? Un rite avant chaque concert ?

Pas d’objet, pas de rite, sinon celui de toujours vérifier le materiel avant de commencer un concert afin d’éviter les mauvaises surprises sur scène…

Petit as-tu été inspiré par un ou des artistes emblématiques de la scène antillaise ou même internationale en te disant je veux être comme lui ou elle et pourquoi ?

Mon idole a toujours été mon père

, qui voyageait beaucoup.

_dsc9503

La femme selon toi…?
Quand elle reçoit l’amour qu’elle mérite, la femme est comme un arbre qui protège, sur lequel tu peux t’appuyer éternellement. 

Aimons-les nos femmes !!

Le meilleur compliment que l’on puisse te faire ?

Quand une personne, et particulierement les plus agées me disent : « Ha! Monsieur! La musique était super ! Bravo!  Je me suis bien amusé. »

 

Qui as-tu accompagné pour la première fois ? Quel souvenir en gardes-tu ?

Je parlerais plutôt de mon premier cachet. Mon premier salaire, car c’était symbolique , forcément.

C’était avec Eric Virgal à la fete patronale du Morne Vert. Il avait un souci de pianiste qui l’avait lâché deux jours avant. Il vient alors chez moi avec une dizaine de CD et me demande: « c’est quoi ton tarif ? » Je réponds au hasard: « 1000 francs », et il me réponds: « je te donne 1500 francs, tu dois apprendre ces morceaux pour après demain ». J’ai tout donné et le concert s’est très bien passé, j’avais 15 ans.

_dsc9469Es-tu fier de ton parcours ?

Oui plutôt… Même si je n’ai pas encore fini de travailler et de faire des rencontres.

Quelles difficultés rencontre les artistes caribéens selon toi ? Comment faites vous face à ce marché à la fois si ouvert et si fermé ? Selon toi quelle importance de soutenir la culture caribéenne? Quel avenir vois-tu pour la jeune génération ?
Un peu de politique…!!! (lol)
Selon moi en tant que Martiniquais, nous sommes vraiment (mais vraiment) en marge du réseau culturel et économique caribéen. Nous ne faisons pas « corps » avec le reste de la Caraïbe. J’explique cela deja par les juridictions et les lois qui régissent (pour ne pas dire « assassinent ») toutes initiatives, échanges, collaborations spontanées, culturelles et économiques avec nos voisins.
Il y a aussi un peu l’apprentissage des langues étrangères comme l’anglais, qui devraient être enseignés dès la maternelle de façon beaucoup plus ludique et assimilable. Une grande partie des anglophones nous appellent les « frenchies ». Nous sommes des « french people » à leurs yeux, donc je ne m’étonne pas qu’on rencontre des difficultés à percer chez nos voisins.

C'est important de soutenir la culture caribéenne

 car personne ne le fera à notre place. La Caraïbe est un vaste champs fertile dans lequel le monde entier vient puiser et en extraire les meilleurs talents et idées.

Il faut donc nous serrer les coudes et revendiquer tout ce que nous avons accompli.

Pour être reconnu dans la Caraïbe,  il faut rester authentique et être fidèle à ce que l’on maîtrise localement. Rester aussi fidèle et loyal aux talents qui nous sont propres, pour proposer quelque chose d’unique qu’il faudra ensuite développer et enrichir de nouvelles idées.

Lenny en quelques mots clés ça donnerait quoi ?

Musique, musique , football , musique, football.

As-tu encore des rêves ? Lesquels ? Oui oui on veut tout savoir .

Très bonne question…

Je vis mon rêve depuis que j’ai quitté l’école.

 Il faudrait m’en trouver un autre du coup.

Spontanément sans trop réfléchir dans la série si tu étais

Si tu étais un animal tu serais ? Et pourquoi ?

Un chien forcément! Loyal, bon camarade, aventurier et joueur! Et surtout certains sont bons footballeurs (lol)! C’est tout moi!

_dsc9496Une chanson qui te touche et qui te permet toujours d’aller de l’avant ?

« Pran pasians » de J.P Marthely.
Je ne m’explique même pas pourquoi, téléchargez ce titre et fermez les yeux….

 

Je vais te demander de fermer les yeux, de faire appel à tes 5 sens et de me dire ce qui te vient quand on te dit Martinique

Les rues de Terresainville chez ma grand-mère…

Parles nous un peu de ton actu, de tes projets pour l’année 2016 ?

Depuis 1 an et demi, je dirige musicalment le groupe C ZIG LA, avec lequel je joue tous les jeudis au bar-restaurant Le Trésor. Pour la petite histoire, le groupe s’est formé pour un évenement ponctuel dans un restaurant de Schoelcher. Cela a beaucoup plu au public et au patron, donc à la demande générale nous avons livré une autre prestation la semaine d’après, puis une autre, et encore une autre, ainsi de suite. Le bouche à oreille nous a été tres bénéfique et nous avons donné nos premières prestations à tout type de public: collectivités, particuliers, organisateurs d’évenements, etc…
Nous nous sommes donc structurés et avons défini des objectifs. Nous avons déja notre premier contrat en Guadeloupe pour décembre 2016.

As-tu un dernier message à adresser aux lecteurs de ÜART ?
Je vous souhaite le meilleur chers lecteurs, et n’oubliez pas : restez authentique dans tout ce que vous faites, vous gagnerez à chaque fois! Et

venez voir C ZIG LA au Trésor!!

 (ex Sky Lounge, rue pietonne de la zac de Riviere Roche)

Merci encore pour ce moment privilégié en espérant te voir très bientôt

ÜART.

Yetta.U

Epicurienne dans l'âme, passionnée d'art et de design partagez avec moi mon univers teinté d’influences caribéennes et de mes coups de coeurs de part le monde. Tel une cure de jouvence entrez vous aussi dans le bain ÜART !

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