Comme on dit « la vie continue »! Oui c’est sûr mais la vie ne sera plus jamais comme avant ! Parce qu’il s’est passé quelque chose… Parce qu’après la « bataille cancer », le dernier round aurait pu être fatal. Si l’on guérit cela veut bien dire qu’on en ressort tout de même vainqueur ?! Oui mais on a faillit être vaincu, on a frôlé la perte de ce qu’il existe de plus précieux : la vie…
« L’après cancer » est une nouvelle étape de la vie qui a priori semble positive et pleine de bonheur ! Et pourtant ce qu’on appelle
Pourquoi ? Parce qu’on est dans l’après coup : les émotions peuvent ressurgir, on se permet alors de voir la réalité en face, on revit les évènements dans un positionnement de survivant ! Les traces ou blessures laissées, quelles soient physiques ou psychologiques, restent intactes. Les symptômes de stress post traumatiques peuvent apparaître. C’est à ce moment qu’il est très important de pouvoir accéder à la verbalisation des affects et traumatismes vécus durant cette course folle contre la maladie. Quand on a frôlé la mort, notre vision de la vie se retrouve forcément modifiée. L’état d’esprit à l’égard de l’avenir n’est plus le même.« l’après cancer » est pour de nombreuses personnes un cap difficile.
Certains patients disent « privilégier l’essentiel » aujourd’hui ou vouloir « simplifier ».
Le cancer est une situation extrême où l’on se sent dans la plus grande vulnérabilité. « L’annonce d’un cancer marque le début d’une odyssée solitaire et radicale d’où l’on est pas certain de revenir ». Que reste t‘il de ce long voyage ? L’après cancer », c’est aussi le temps des réaménagements identitaires, entre perte et nouvelle construction de soi,
La guérison physique est première, vient ensuite la guérison psychique. Il faut une digestion de l’évènement cancer et une mentalisation de son nouvel état de santé. Autrement dit il faut un certain temps pour quitter son statut de malade et endosser celui d’« être humain qui a eu un cancer » ! De plus, il faut apprendre à vivre avec la possibilité d’une récidive (syndrome de Damoclès). Qu’est ce que cette épreuve m’a apporté, qu’est ce que j’ai appris ? Les questionnements existentiels peuvent hantés le vécu interne : pourquoi moi ? Ais-je mérité cela ?Il est souvent nécessaire voire essentiel de pouvoir symboliser, de mettre en sens et en lien la survenue du cancer avec l’histoire de vie du patient. La psychologie tente d’analyser et d’accueillir la souffrance et les blessures dans un but de résilience : capacité de l’être humain à faire d’une épreuve douloureuse une force. Les patients en rémission éprouvent le besoin de faire quelque chose de cette épreuve : s’engager dans une association contre le cancer, écrire, témoigner… Ils parlent souvent d’une force positive, d’qui suis je aujourd’hui ?
un positionnement de guerrier face à la vie.
L’après cancer est un événement de vie important : la guérison. Elle est a reconsidérer dans le domaine médical comme faisant partie d’un véritable processus psychologique. La liberté de vivre est modifiée, on a cru perdre sa vie,
on doit réapprendre à vivre, c’est aussi ça « l’après cancer » : la guérison de l’âme.
Lectures conseillées :
-Guérir n’est pas revenir, Georges Canguilhem,
-Psychologie du cancer, Gustave-Nicolas Fischer,
Mandy coubard, psychologue clinicienne
0696.41.11.32
Cabinet à Fort de France
Photo et texte Mandy Coubard
Contributeur
Mandy Coubard, psychologue clinicienne, exerce en libéral, cabinet à Fort de France, quartier Didier. Peut recevoir enfants, adultes, séniors. Spécialités neuropsychologie, psychopathologie, DU criminologie en cours. Proposition de soutien psychologique adapté au patient.
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