Flammes d’entrepreneuses

16 Mar

C’est aux Primeurs, cette épicerie du boulevard Général-de-Gaulle vieille de plus de soixante ans et aujourd’hui inscrite dans le patrimoine, le paysage » culturel » de la ville de Fort-De-France, que nous retrouvons cette entrepreneuse dynamique et au franc parlé, Madame Paulette Pierre-Louis Pastel, la gérante depuis vingt-six ans. Avenante, Tenace, ambitieuse, à l’écoute et forte de ses trente-deux ans d’expérience elle nous parle de l’entrepreneuriat au féminin et des facteurs clés du succès pour obtenir une entreprise pérenne et fière de sa longévité.

Selon Paulette P-L Pastel, « être entrepreneuse, une chef d’entreprise, tient plus d’une réelle vocation que d’une question de genre. Il faut avant tout pouvoir porter des valeurs comme le courage, la maîtrise de soi, la persévérance, l’intégrité et être prête à gérer toutes les contingences de la vie d’une entreprise pour atteindre ses objectifs. C’est affronter le vide, le cahot, parfois même côtoyer l’échec, le jugement et les transcender pour créer et se réinventer chaque jour. En tant que femme, c’est aussi supporter et affronter la pression de la société qui impose de réussir à la fois sa vie de mère, d’épouse et de chef d’entreprise (d’où le burn out de certaines). C’est avoir la force de rassurer et sourire à son enfant, à son compagnon quand soi-même on voudrait pouvoir l’être et retenir ses larmes de frustrations. C’est être constamment à l’affût, attentive, gérer et régler toutes les situations, soigner les petits bobos, les peines de cœur et assurer les études des enfants. C’est pouvoir passer en un instant, de la douceur à la force et inversement, tout en étant concentrée sur l’entreprise: la responsabilité est une affaire sérieuse. » C’est peut-être en cela que la façon d’appréhender le management diffère de celui d’un homme, avec une vision et un management plus proche et familial, comme celui qu’elle applique depuis tant d’années dans ce commerce de proximité, où son sourire irradie les lieux et les passants. Elle ajoute que l’une des clés fondamentale de son succès et de la pérennité des Primeurs est sans nul doute l’humilité. « Hommes ou femmes, nous avons à affronter les mêmes défis : charges salariales et patronales trop lourdes pour les PME, des prix d’achats qui ne permettent pas de concurrencer les grandes surfaces, la négociation avec les banques parfois rude, des accords d’échelonnements de règlements avec les huissiers qui comme pour tant d’autres structures et commerces du centre-ville de Fort-De-France permettent de survivre. Et quelques soient les maladies, il est absolu d’être encore et toujours présent pour son équipe, continuer seule les démarches, parfois dans l’inconfort et le doute, et plus que tout garder le sourire, la foi et l’optimisme.

En résumé, l’entrepreneuriat qu’il soit au féminin ou au masculin est un challenge, une prise de risque dont un sort grandit puisque l’on apprend tous les jours des autres, mais aussi de soi. Un apprentissage que nous nous devons de transmettre à nos enfants pour leurs inculquer l’art de la réussite. »

Voici une ode à tous ceux qui se lèvent chaque matin, transpirent et s’usent pour nourrir leurs familles. Je pense ici aux commerçants, aux marchands, aux éboueurs, aux personnes de quartiers défavorisés, aux infirmières, aux médecins, aux pharmaciens, aux enseignants, à tous ceux qui vivent modestement ou se battent pour offrir à la population leurs services et qui méritent eux aussi de réussir et d’être traité avec le même égard et le même respect. C’est notre devoir, notre responsabilité de nous unir pour les aider à nourrir, à bâtir les futurs leaders de la Martinique en faisant des achats éco-responsables, en se réappropriant les centres villes et en faisant vivre les commerces de proximités. Oui! Unissons-nous au delà de nos différences et de nos désaccords pour effectuer ce passage intergénérationnel. N’ayons pas honte de mettre ces acteurs de nos vies sur le même piédestal que certaines figures emblématiques tel que Martin Luther King, Nelson Mandela, Simone Veil, Kathrine Switzer, Aimé Césaire, Paulette Nardal. Si ces derniers nous apportent des idéaux, nos proches eux nous transmettent l’essentiel : Nos valeurs !

Notre génération a vivement besoin de repères, d’héros et d’héroïnes à qui l’on puisse s’identifier, et même s’ils ne sont pas parfaits, il arrive parfois que l’on appelle certaines Maman…

Il est temp de se regarder en face et de parcourir notre légende pour avancer ensemble vers la lumière.