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18 Juin

Interview De Sébastien PERROT-MINNOT: Créateur de passerelles.

Partons ce mois-ci à la rencontre de Sébastien PERROT-MINNOT, Consul Honoraire du Guatemala basé en Martinique avec juridiction sur les Antilles-Françaises. Cet archéologue de formation nous présente les défis et actions menées depuis sa prise de fonction, pour tisser des relations durables entre les peuples de la Caraïbe et des Amériques.

Titulaire d’un doctorat à la Sorbonne  depuis 2006, Sébastien PERROT-MINNOT dirige ou co-dirige des projets archéologiques en Martinique, au Guatemala, au Salvador, au Nicaragua et aux Etats-Unis. Ces recherches portent principalement sur la sculpture, l’Art Rupestre, les Occupations précéramiques et la définition d’entités et d’interactions culturelles. Nommé en décembre 2015 par le Président du Guatemala, M. Alejandro Maldonado Aguirre, nomination validée par le Président de la France, M. François Hollande,  il prend ses fonctions officielles de Consul Honoraire du Guatemala en janvier 2016. S’il endosse à merveille le costume de consul il n’en reste pas moins accessible, volontaire, à l’écoute, ouvert et féru de propositions face aux jeunes entrepreneurs et artistes qu’il rencontre. Doté d’une grande gentillesse, il s’implique et s’engage au quotidien pour valoriser le patrimoine culturel et naturel guatémaltèque. Ainsi il permet également les échanges linguistiques entre autre à travers la création de projets tel que le Pont des Amériques, dont l’ambition est de devenir dès 2019, un grand prix d’art contemporain qui permettra à deux artistes (l’un du Guatemala, l’autre de Martinique) de bénéficier les premiers temps, d’une bourse de résidence et d’un livre témoin. Un projet ambitieux et visionnaire qui éclot grâce à sa rencontre avec M. Christian RAPHA, maire de la ville de Saint-Pierre, l’artiste Olivier FONTEAU et du projet de jumelage entre Antigua Guatemala, ville inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO et la ville de Saint-Pierre. M. le Consul salut également la richesse archéologique de la Martinique, tel le site précolombien de Montravail à Sainte-Luce ou à Vivé au Lorrain. Un travail de préservation du patrimoine établit grâce à des mesures significatives aux niveaux local, national et international initiés par l’ONU et l’UNESCO.

Nous sommes fiers à ÜART de présenter ces acteurs d’excellence issus du monde économique, politique et culturel et pour qui, l’essentiel est de lutter pour la protection des lumières de la connaissance et pour la sauvegarde de notre Patrimoine, de notre Histoire. Osons rêver demain pour mieux l’accomplir, transmettons un flambeau ardent et sain à la génération suivante.

 

Bonjour Monsieur le Consul, merci d’avoir accepté cette interview. Tout d’abord pourriez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaîtraient pas ?

Bonjour Yetta, merci de me recevoir. En quelques mots, 

je suis archéologue de profession et Consul honoraire du Guatemala à Fort-de-France, avec juridiction sur les Antilles Françaises.

 

Quel a été votre parcours ?

J’ai d’abord étudié l’histoire de l’art et l’archéologie à l’Université de Strasbourg, pendant trois ans, avant de poursuivre mes études, avec une spécialisation en archéologie précolombienne, à l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne. C’est dans cette dernière Université que j’ai soutenu ma thèse de Doctorat, en « anthropologie ethnologie préhistoire », en 2006. Depuis mes années étudiantes, j’ai réalisé des travaux archéologiques dans différents cadres institutionnels : Université, CNRS, Centre d’Études Mexicaines et Centraméricaines (CEMCA), bureau d’études Eveha, etc. Par ailleurs, et sans abandonner mon activité archéologique, j’ai été Directeur Pédagogique de l’Alliance Française de Guatemala, de 2007 à 2012. J’ai pratiqué l’enseignement dans différentes structures, y compris l’Université des Antilles. En outre, j’ai collaboré avec différents quotidiens des Amériques, notamment Prensa Libre au Guatemala, sur des thèmes archéologiques et culturels au sens large.

D’où vous vient cette passion pour l’archéologie ?

Elle me vient d’une passion pour les civilisations précolombiennes, qui remonte à mon enfance…

Comment définir justement l’archéologie ? Quelle en est sa mission ?

L’archéologue étudie les sociétés du passé, sur la base de leurs vestiges matériels. Son but n’est pas de trouver des « trésors », des antiquités ou des monuments prestigieux, mais de documenter rigoureusement des types très variés de vestiges, dans leur contexte, et de procéder à de patients travaux de recherche, visant à mettre en lumière la vie des groupes humains qui nous ont précédés. « Je cherche des hommes et non des pierres », expliquait le fameux préhistorien André Leroi-Gourhan.

Peut-on également définir l’archéologie comme étant l’art de la mémoire d’histoire ?

L’archéologie est, comme l’histoire, une science qui se rapporte au passé de l’humanité. A ce titre, elle contribue effectivement à la mémoire collective. Mais l’archéologie participe aussi de l’anthropologie, de l’ethnologie ; elle nous permet de mieux comprendre l’homme, de mieux nous comprendre nous-même. Elle est donc, fondamentalement, une science de l’Homme, de l’humain.

Cela m’amène à la question suivante : notre société a-t-elle un devoir de mémoire et dans quelle mesure ?

Toute société a un devoir de mémoire : le devoir de transmettre des savoirs, des enseignements du passé, associés à des symboles, des traditions et des valeurs. Comme le dit un fameux proverbe, repris par Aimé Césaire :

« Un peuple sans mémoire et un peuple sans avenir ».

Les voyages sont l’un des nombreux aspects de la profession d’archéologue qui pourraient attirer les jeunes. Pouvez-vous nous dire dans combien de pays vous avez effectué des recherches et ce qu’il en découle?

L’archéologie, est avant tout, un voyage dans le temps ! Un archéologue n’a pas forcément besoin de beaucoup voyager dans l’espace pour réaliser ses recherches ; cela dépend de ses domaines de spécialisation, de ses objectifs et, bien entendu, des moyens dont il dispose. Pour ma part, je travaille en Amérique en raison de ma spécialisation en archéologie précolombienne. Au fil de mes études et de ma carrière professionnelle, j’ai dirigé ou co-dirigé des projets archéologiques en Martinique, au Guatemala, au Salvador, au Nicaragua et aux Etats-Unis. Mes recherches ont principalement porté sur la sculpture, l’art rupestre, les occupations précéramiques et la définition d’entités et d’interactions culturelles. Elles ont donné lieu à des rapports, publications et communications scientifiques, mais aussi à des conférences, expositions et articles destinés au grand public ; j’ai fait paraître de nombreux articles sur l’archéologie précolombienne dans la presse. La divulgation des connaissances est évidemment un devoir, pour tout archéologue.

L’archéologie donne-t-elle un chemin de pensée ? Si oui peut- on transposer ce processus de pensée à d’autres domaines ?

L'archéologie répond, avant tout, à notre curiosité intellectuelle naturelle.

 Une recherche archéologique est justifiée par des questions, des problématiques, et soumise à des méthodes rigoureuses. Elle s’apparente, un peu, à une enquête policière. Et lorsque nous avons la chance de pouvoir étudier des contextes archéologiques fermés, inviolés, cette enquête est digne de certains romans d’Agatha Christie…

Sur un plan général, l’archéologie permet de réfléchir sur les expériences passées, les traditions, le fonctionnement des sociétés, les changements culturels et des aspects fondamentaux de l’être humain. A ce propos, comme je l’ai signalé avant, elle se rattache à l’anthropologie et à l’ethnologie. Elle nourrit aussi, comme l’histoire, une approche symbolique et identitaire du passé, qui est essentielle pour toute société.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux jeunes ou moins jeunes afin de les motiver à se réaliser pleinement ?

Je dirais qu’il est important de rêver, de se passionner, de voyager, de se fixer des défis, d’avoir de grands projets et de les mettre en œuvre, par le travail. La vie et le monde en valent la peine !

Si vous étiez une citation quelle serait-elle?

Tous les hommes rêvent mais pas de la même façon. Ceux qui rêvent de nuit, dans les replis poussiéreux de leur esprit, s'éveillent le jour pour découvrir que ce n'était là que vanité. Mais les rêveurs du jour sont dangereux, car ils sont susceptibles de poursuivre leurs rêves les yeux ouverts afin de les rendre possibles.

(Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d’Arabie, Les Sept Piliers de la Sagesse).
C’est, sans nul doute, une des citations dans lesquelles je me reconnais le mieux.

Pour vous qui avez étudié dans la célèbre école de la Sorbonne pouvez-vous nous en dire plus sur les coulisses de celle-ci ? Comment encourager les jeunes Caribéens à y postuler et y réussir et surtout revenir pour mettre en application leurs acquis dans leurs îles respectives?

Je suis entré à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour y étudier l’archéologie de la Mésoamérique, ce qui n’était pas possible à Strasbourg. A Paris, j’ai obtenu successivement ma Maîtrise, mon DEA -comme on disait à l’époque- puis mon Doctorat. J’ai été formé, notamment, par le Professeur Eric Taladoire, qui m’a beaucoup apporté. Il y avait aussi une très bonne entente entre les étudiants. Par ailleurs, ces années ont été marquées par de longs moments de travail solitaire, consacrés à la recherche et à la rédaction…

Qu’essayez-vous de transmettre à travers votre profession?

Des connaissances, naturellement, mais aussi des méthodes et des outils, de la passion et des sources d’inspiration.

Qu’est-ce-qui vous inspire aujourd’hui ?

Beaucoup de choses ! Les témoignages du passé, les énigmes, la littérature, l’art, les voyages, les grandes aventures personnelles et collectives, la complexité et la beauté de notre monde…

Pouvez-vous nous expliquer votre démarche dans le contexte caribéen qui est le vôtre ?

En Martinique, je travaille sur l’archéologie amérindienne, et en particulier, sur l’art rupestre. Je mène mes recherches dans le cadre d’approches régionales, les Amérindiens de la Martinique ayant participé à des dynamiques culturelles et à des réseaux d’échanges actifs qui ont impliqué les Antilles et le nord de l’Amérique du Sud. Il est plus difficile d’établir des relations avec l’Amérique Centrale, même si de possibles indices de diffusion culturelle « circum-caraïbe » ont été signalés, y compris dans l’art rupestre. Ainsi, l’intrigant ensemble de visages schématiques de la roche gravée principale de Montravail, à Sainte-Luce, représente un thème particulièrement répandu autour de la Mer des Caraïbes.

Scientifiques et artistes sont-ils diamétralement opposés ?

Certainement pas.

S'il est manifeste que le scientifique et l'artiste ont des objectifs et des démarches différents, ils ont aussi des points communs notables : ils interprètent et réinterprètent le monde, développent des réflexions, créent à partir de règles rigoureuses, transmettent des idées et des traditions, nourrissent la pensée et inspirent, en faisant appel à de hautes valeurs de l'esprit.

« L’art s’insère à mi-chemin entre la connaissance scientifique et la pensée mythique ou magique », écrivait Claude Lévi-Strauss.

L’archéologie mène-t-elle de fait à la culture ?

Comment les civilisations passées influencent-t-elle encore nos vies aujourd’hui ? Que peut-on apprendre d’elles que ce soit en terme négatif ou positif ?

L’archéologie relève évidemment de la culture. Elle intervient dans cette sphère des productions de l’esprit qui définissent les sociétés humaines. En mettant en lumière l’œuvre et le legs des sociétés disparues, elle contribue à ce que l’archéologue britannique Gordon Childe appelait « la tradition sociale », cet ensemble d’enseignements et de normes transmis de génération en génération, et permettant la survie et le développement de l’espèce humaine.

De fait, on ne peut vivre sans l’héritage du passé, qui inclut le patrimoine matériel, des symboles, des valeurs, des traditions et des savoirs. Il y a beaucoup à apprendre des témoignages laissés par les ancêtres de l’humanité actuelle, mais il ne faut jamais oublier de les considérer dans leur contexte culturel et historique, et avec de l’esprit critique.

Comment couper court à l’idéologie en archéologie ?

L’archéologie, en se rapportant au Patrimoine, a toujours influencé les identités des groupes humains. C’est normal, et l’archéologue doit en être bien conscient. Il doit respecter les valeurs et sensibilités des populations des régions dans lesquelles il travaille, et peut même en tirer bénéfice, pour le développement de ses travaux. Du reste, il ne doit pas soumettre l’exercice de la discipline à une quelconque idéologie. 

L'archéologie, comme toute science, est régie par des méthodes rigoureuses ; elle a vocation à stimuler la réflexion, le débat et l'esprit critique.

Selon vous peut-on aborder le sujet de l’identité de façon totalement libre en Martinique ?

Le sujet de l'identité est toujours sensible et suscite forcément des discussions voire des controverses,

 mais il me semble qu’on peut l’aborder librement en Martinique. En ce qui me concerne, en tout cas, j’ai pu constater que les thèmes du Patrimoine et de l’identité amérindiens éveillaient un vif intérêt en Martinique, dans les différents secteurs de la société.

Quelle serait votre réponse pour ceux qui tenteraient d’opposer les peuples ? Que nous enseignent les vestiges du passé sur la tolérance entre peuples ?

L’archéologie montre-t-elle des modes de vies, de fonctionnement similaires chez certains peuples ?

L’archéologie révèlent, d’une façon générale, des sociétés organisées, traditionnelles et culturellement diverses. Elles construisent et transmettent des identités, qui créent un lien entre les membres d’un même groupe, et distinguent celui-ci des autres groupes.   Les identités constituent un aspect essentiel de la vie en communauté, même si elles peuvent aussi, dans certaines conditions, favoriser les conflits.

D’un autre côté, et comme d’autres sciences,

l'archéologie nous montre qu'aucune communauté ne peut vivre, à long terme, en se fermant totalement au reste du monde.

 Au Japon, l’isolationnisme extrême imposé par la dictature de l’époque d’Edo a connu des failles et finalement l’échec. De tout temps, les rencontres et échanges ont été vitaux pour notre espèce.

Est-ce la méconnaissance des peuples qui a pu créer parfois de l’animosité entre ces derniers?

La méconnaissance, sans doute, mais aussi des idéologies, des sensibilités, de vieilles blessures, des intérêts opposés… les causes sont nombreuses et complexes.

A l’heure de la digitalisation de masse, de l’hyperconsommation, des diverses répercutions atmosphériques et planétaires dues à la pollution et au mode de vie actuel comment pourrait-on se projeter dans l’avenir en imaginant l’état des vestiges résultant de notre ère. A quoi ressembleraient nos vestiges ? 

 C’est difficile à dire. Il est vrai que le patrimoine archéologique est soumis à des menaces croissantes, découlant notamment de la pression démographique, de l’exploitation des milieux, de l’urbanisation, du tourisme de masse, du pillage des sites, de la pollution et du réchauffement climatique. Mais par ailleurs, des mesures conséquentes sont prises aux niveaux local, national et international, pour mieux protéger et mettre en valeur le patrimoine. Au sein de l’ONU, l’UNESCO accomplit un travail remarquable.

Revenons sur votre fonction de consul. Pouvez-vous définir ce qu’est un consul et nous en dire plus sur la mission de ce dernier ?

Un consul est un agent nommé par un gouvernement dans une ville étrangère pour y assumer diverses responsabilités. En tant que Consul honoraire du Guatemala à Fort-de-France, je représente l’État guatémaltèque aux Antilles Françaises, sous l’autorité de l’Ambassadeur du Guatemala en France. Je dois défendre les intérêts du Guatemala, assister et conseiller mon Ambassade de tutelle, exercer certaines compétences administratives, porter assistance aux ressortissants guatémaltèques connaissant des problèmes dans ma juridiction, et promouvoir les échanges, la coopération et les liens d’amitiés entre le Guatemala et les Antilles Françaises.

Comment devient-on Consul Honoraire?

Dans mon cas, j’ai été nommé par l’ex-Président de la République du Guatemala, M. Alejandro Maldonado Aguirre, en décembre 2015, et cette nomination a été validée par l’ex-Président de la République Française, M. François Hollande. J’ai pris mes fonctions en janvier 2016.

Combien de consuls sont accrédités en France ?

Désolé, je n’ai pas cette information…

On parle souvent de diplomatie. Qu’est-ce que la diplomatie ?

La diplomatie est une science, une pratique voire un art. Elle organise les relations entre les États et constitue aussi un instrument d'influence et de pouvoir.

La diplomatie peut-elle être considéré comme étant de l’hypocrisie ?

Dans la Grèce antique, le mot Hypocritès désignait l’acteur. D’après Max Gallo, justement, « Un diplomate est un acteur ». Il est clair que dans le domaine de la diplomatie, il faut faire très attention à ce qu’on dit et à ce qu’on fait, et à la manière de dire et de faire les choses. Pour autant, la diplomatie n’empêche pas la sincérité !

Existe-t-il un Protocole à respecter lorsque l’on s’adresse à un Consul ?

On s’adresse à un consul par la formule de politesse

Monsieur le Consul .

Quelles sont les qualités requises pour exercer cette fonction d’état ?

Beaucoup de qualités sont requises: il faut de l’éducation, de la culture, de la courtoisie, de l’élégance, de la discipline, de l’organisation, un grand sens des responsabilités, de la loyauté, de l’esprit d’initiative, de la réactivité, un esprit d’analyse, un sens des relations humaines, une grande capacité à développer des réseaux, de la passion bien sûr… et j’en passe !

Comment arriver à garder les pieds sur terre lorsque l’on exerce ce type de fonction ?

Ce n’est pas trop difficile : on travaille sur des aspects essentiels et très concrets de la vie en société, dans des domaines très divers.

Comment s’en servir à bon escient pour créer des changements positifs ?

Par les rencontres, les manifestations, les publications comme celle-ci, la communication en général, les partenariats, le développement des réseaux, les projets de coopération, mais aussi les activités protocolaires et le travail administratif « courant ».

L’influence, le pouvoir changent-t-ils l’homme de fait ?

Ils ont naturellement un impact sur notre vie, mais leurs conséquences sur la personnalité varient selon les individus.

La vie étant une somme d’événements parlez-nous des expériences acquises mais aussi de votre expertise. Comment se passe votre vie de consul honoraire en Martinique?

Très bien. Je me suis senti très bien accueilli, dans mes fonctions consulaires, en Martinique, et plus généralement aux Antilles Françaises, et j’ai pu nouer des relations très fructueuses voire privilégiées avec des secteurs très divers : État, collectivités, Université, armée, entreprises, arts, société civile, etc.

Pourquoi avoir choisi la Martinique justement ?

Après des années de vie commune au Guatemala, mon épouse et moi nous sommes installés en Martinique en 2012 : nous nous sentions attirés par les richesses culturelles et naturelles de ce territoire. Pour ma part, j’étais bien sûr intéressé par l’archéologie amérindienne de la Martinique. Mais parce que je continuais d’entretenir des liens privilégiés avec la Guatemala, et je souhaitais vivement promouvoir les relations entre ce pays d’Amérique Centrale et les Antilles Françaises, et plus généralement l’intégration de la Grande Caraïbe, j’ai entrepris les démarches destinées à créer un Consulat honoraire du Guatemala à Fort-de-France, et présenté ma candidature au poste correspondant.

Quelles sont les actions concrètes réalisées entre le Guatemala et la Martinique depuis votre nomination ?

Outre le travail administratif « courant » mais important, il y a, notamment, des réunions de travail interinstitutionnelles, des interventions diverses, des actions de communication, des manifestations, des projets de coopération et de jumelage.

Dernièrement, le projet de jumelage entre Saint-Pierre, en Martinique, et Antigua Guatemala, ville du Patrimoine Mondial, a connu des avancées significatives, grâce à une fructueuse mission conduite par le Maire de Saint-Pierre, M. Christian Rapha, au Guatemala, en avril dernier. Un autre projet de jumelage prometteur concerne la commune de Ducos et celle de Livingston, au Guatemala.

Je voudrais aussi mentionner un ambitieux projet de coopération culturelle auquel j’ai l’honneur de prendre part : celui du Pont des Amériques, conçu initialement par l’artiste martiniquais Olivier Fonteau, et destiné à susciter des résidences et échanges artistiques entre la Martinique et le Guatemala.

Cette année, le Pont des Amériques comprend également un volet humanitaire, dédié aux sinistrés de l’éruption du volcan Fuego.

 Quels sont les enjeux pour ces deux territoires ?

Ils sont multiples : politiques, culturels, socio-économiques, éducatifs, environnementaux, sécuritaires, etc. N’oublions pas que le Guatemala et les Antilles Françaises appartiennent à une même macro-région, la Grande Caraïbe ! Ils ont, de ce fait, d’importants intérêts et défis en commun.

Economiquement ou culturellement parlant que peut- on attendre des échanges de ces deux territoires ?

Un enrichissement et une diversification des ressources et des pratiques, une intensification de l’activité, de nouvelles stratégies, un plus grand rayonnement et d’importants bénéfices pour les deux parties, sans aucun doute.

Quel type de public peut-on envisager nouant des liens avec votre consulat ?

Tous les types de public !

Je sais de source sûre que vous avez également exercé dans la presse, en interviewant Albert de Monaco par exemple, tout en publiant des articles scientifiques. Pouvez-vous nous en dire plus ?

 Je me suis consacré, en effet, à différents types de publications. Les articles scientifiques se rapportent à mes recherches ; ils obéissent à des normes très précises, ont fait l’objet d’évaluations très rigoureuses par des comités scientifiques, et s’adressent a priori à un public de spécialistes. Concernant mes articles de presse, ils traitent principalement de thèmes archéologiques, mais couvrent aussi d’autres domaines de la culture. Ces treize dernières années, j’ai eu l’opportunité de collaborer avec plusieurs journaux hispanophones du continent américain, notamment Prensa Libre, au Guatemala, El Diario de Hoy, au Salvador, et El Nuevo Herald, à Miami. L’interview du prince Alberto II de Monaco, que vous mentionnez, a été réalisée en 2011 pour Prensa Libre ; elle a été motivée par l’implication du prince et de la Fondation Prince-Albert-II-de-Monaco en faveur de la préservation de la Réserve de Biosphère Maya, située dans le nord du Guatemala. J’ai pu apprécier, alors, la force de l’engagement d’Albert II pour la protection de l’environnement et le développement durable, mais aussi, les grandes qualités humaines du souverain.

Quel est votre sentiment sur le monde de la presse de par cette expérience ?

 Mes collaborations avec la presse m’ont apporté beaucoup de satisfactions, en m’offrant des expériences nouvelles et enrichissantes, et des rapports très gratifiants et instructeurs avec le public, tout en me permettant de servir, avec plus de force, des causes qui me tiennent à cœur, comme celles de l’archéologie et du Patrimoine. J’ai eu la chance de travailler, dans la presse, avec des équipes à la fois très professionnelles et très sympathiques.

Selon vous que manque -t-il à la Martinique pour devenir une destination incontournable pour les férus d’archéologie et à contrario quels sont nos points forts ?

 La Martinique a une archéologie très riche, qui fait l’objet d’une mise en valeur croissante, par des acteurs divers. Le patrimoine amérindien n’est peut-être pas encore suffisamment visible pour le commun des visiteurs, mais des projets actuellement mis en œuvre, par exemple sur le site précolombien de Montravail, à Saint-Luce, ou sur celui de Vivé, au Lorrain, laissent augurer une amélioration de la situation.

Qu’est-ce que le bonheur selon vous ?

Il m’est plus facile de le ressentir que de le définir ! Mais je dirais qu’il réside à la fois dans la quête et dans l’accomplissement…

Avez-vous encore des rêves ? Sur quel grand projet aimeriez-vous travailler ?

 Oui, j’aurai toujours des rêves ! Et j’ai, en ce moment même, plusieurs grands projets, relatifs à l’archéologie et aux relations internationales. En archéologie, c’est surtout l’art rupestre qui m’occupe, cette année. Comme dirait Jules Verne, 

ma vie est pleine, pas de place pour l'ennui !

Je vais vous demander de fermer les yeux de faire appel à vos 5 sens et de me dire ce qui vous vient quand on vous dit Martinique

 La lumière, les couleurs, les saveurs, la chaleur, les rythmes, la musique, les voix du silence…

Un dernier message aux lecteurs de ÜART ?

 Merci de votre attention, et au plaisir !

Merci encore pour ce moment privilégié en espérant vous revoir très bientôt

©ÜART.

Pour contribuer au projet Le pont des Amériques rendez-vous sur le site: https://www.lepontdesameriques.com

Portrait photo/ Retouche: Daniel Brieu

Chef de projet/ Pigiste: Yetta Ursulet

Yetta.U

Epicurienne dans l'âme, passionnée d'art et de design partagez avec moi mon univers teinté d’influences caribéennes et de mes coups de coeurs de part le monde. Tel une cure de jouvence entrez vous aussi dans le bain ÜART !

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