C‘est avec émotion que je vous invite à me suivre dans l’univers de Ricardo Ozier-Lafontaine, plasticien martiniquais. Artiste accomplit, travailleur acharné, humaniste dans l’âme c’est dans son atelier surplombant l’océan que Ricardo nous accueille aujourd’hui.
Ricardo ou la fougue d’un génie qui a su se détacher de son environnement pour y trouver son empreinte, sa signature, en retournant à la source: le dessin. Le dessin comme destin. Pourquoi choisir Ricardo ? Tout simplement parce qu’il me bleufffe à chaque fois. Je suis fascinée par son talent, son professionnalisme, sa rigueur, sa dextérité, sa maitrise de l’art, sa technique presque compulsive qu’il cherche à partager avec nous. Il est de ces êtres qui nous coupent le souffle pour nous mener vers un état de grâce, une plénitude. De son art émane à la fois une puissance et un savant équilibre entre le vide et le plein qui renversent et agissent comme une thérapie. Ricardo travaille sans relâche comme un scientifique à la recherche de l’équation parfaite qui définit les lois de l’espace: un mélange entre l’imaginaire des zigidis et des vides pleins qui nous connecte à l’oeuvre sur toutes ses dimensions. Plus qu’un artiste, j’ai découvert en Ricardo un homme généreux, le coeur sur la main, plein d’humour, engagé et impliqué dans la transmission de sa passion et de ses valeurs à la jeunesse. Un de ces hommes qui nous encourage et nous ouvre la voie du dépassement de soi. Un homme simple, un homme vrai qui partage ses entrailles avec nous à travers ses oeuvres. Je dois vous avouer que parler d’un artiste avec autant de talents, de connaissances sur l’art m’a fait peur. Qui suis-je moi Yetta pas du tout journaliste, pas même critique d’art pour en parler ? Ce a quoi Ricardo répond » Tu es le travail monstrueux que tu as déjà accomplit, j’ai confiance en toi! ». Alors c’est avec les larmes aux yeux et le coeur sur la plume que je partage avec vous cette magnifique rencontre. Merci encore Ricardo!
Merci d’avoir accepté cette interview. Tout d’abord pourrais-tu te présenter pour ceux qui ne te connaitraient pas ?
Je suis Ricardo OZIER-LAFONTAINE, plasticien martiniquais.
Quel a été ton parcours ?
Une enfance en Martinique très marquée par l’investissement familial auprès de personnes en grandes difficultés psycho-sociales et notamment auprès d’enfants en situation de handicap. Un contexte qui a probablement fortement structuré chez moi une vision de la vie fondée sur des valeurs humanistes et d’acceptation de l’Autre sans distinction de condition sociale et de race.
Après mon Baccalauréat en 1993, je m’oriente vers des études supérieures de communication et d’arts graphiques à Paris pendant plusieurs années en même temps que la pratique des percussions afro caribéennes rythment ma vie quotidiennement.
Après une formation de musicothérapie et d’éducateur spécialisé, les arts plastiques prennent d’avantage de place dans ma vie personnelle et professionnelle en tant que véritable outil d’expression artistique personnelle et support de travail dans le cadre de prises en charge d’enfants en grande difficulté.
Pourrais-tu définir ton univers ?
Ma peinture aujourd’hui est le reflet de ma personnalité et la résultante de tout mon parcours de vie personnelle et artistique. Elle est liée principalement à ma volonté de tracer des contours intérieurs issus de l’imaginaire, de ce que j’appelle «l’en-dedans» avec un choix fort : l’utilisation affirmée et assumée de la bichromie avec des aplats en noir et blanc.
J’utilise une technique de peinture automatique basée sur la spontanéité qui finalement me renvoi fondamentalement à mon appartenance au milieu caribéen et au Monde. Mon travail embrasse l’universel avec une charte graphique dont les codes sont accessibles à tous les peuples du Monde.
Le choix du noir et blanc est pour moi la volonté de franchir le goût désirant et dominant de la couleur et d’accepter d’autres propositions, moins traditionnelles mais bien contemporaines à mes yeux.
Cette orientation contraste avec une vision encore trop communément admise d’un lieu « Martinique » exotique et fleurie, « doudouïste » à outrance et qui exclut toute tentative de restituer la complexité, la diversité et la richesse de notre réalité sociale, culturelle et économique pourtant relativement sinistrée à ce jour.
Le noir et blanc est aussi une façon pour moi de revenir à l’un de mes fondamentaux : le dessin avec des aplats simples et automatiques. Il m’amène à puiser au fond de moi-même plus aisément et à fertiliser mon imagination.
Quel message souhaiterais tu faire passer aux jeunes ou moins jeunes pour les motiver à aller au delà de leurs limites et se réaliser pleinement ?
Donnez vous les moyens d’atteindre vos rêves en vous ouvrant au monde.
Ne restez pas enfermés dans votre Martinique. Le monde est vaste. Vous devez l’investir et évoluer avec lui. Les rêves les plus inaccessibles peuvent faire partie de votre réel. A vous d’y croire en travaillant encore et encore.
Qu’essaies tu de transmettre à travers ton exercice?
Aujourd’hui, ma vie est fortement liée à celle des jeunes vivant en Martinique dans la mesure où je travaille tous les jours avec des enfants en grande difficulté souvent cassés par des actes de maltraitance.
Je tente de les amener à comprendre que la vie mérite d’être vécue avec ses difficultés, ses doutes et ses peurs. J’essaie de leur inculquer des valeurs fondamentales à mes yeux : le gout de l’effort et la volonté de se donner les moyens pour se réaliser.
Les jeunes doivent se l’approprier. A nous de les guider avec l’appui de nos institutions et de nos politiques.Nous sommes dans une société et dans un monde ou la poésie doit reprendre sa place et engendrer du rêve.
Ceux qui suivent ton évolution peuvent constater une certaine maturation dans ton art, une véritable signature aujourd’hui peux-tu nous en dire plus ? Y a t-il un élément déclencheur ?
La plus difficile dans la peinture est de pouvoir cheminer tranquillement avec une singularité forte et une certaine satisfaction personnelle.
Les années de pratique m’amènent aujourd’hui à me poser sur un travail en particulier en marquant une maturation personnelle en pleine explosion.
Le travail du noir et blanc associé à la peinture automatique marque une véritable rupture dans une affirmation identitaire volontaire. Aujourd’hui, je décide de me laisser aller à tracer les concours de mon âme en rentrant dans des phénomènes de transe graphique.
Les années de peinture m’ont amené à comprendre que mon art fut très longtemps , étroitement lié à des marqueurs culturels très affirmés pouvant à un moment donné me maintenir dans l’enfermement.
J’ai voulu m’extirper de cette photographie identitaire pour revenir à la quête d’une certaine universalité artistique.
La rupture de ma peinture en tant qu’outil d’affirmation identitaire s’est réalisée grâce au retour vers la pratique du dessin. Aujourd’hui, il nourrit ma peinture quotidiennement et demeure la colonne vertébrale de ma singularité.Le dessin reste l’élément central dans mes «fondamentaux».
En quoi puises tu pour te dépasser au quotidien?
Je puise dans une certaine force intérieure, liberté personnelle et dans cette capacité que j’ai, à me départir des éléments néfastes à ce dépassement.
Quelle est selon toi ta plus belle création de l’année 2015 ? Un évènement dont tu es fier ?
Ma plus belle création de l’année est la réalisation d’une toile avec des enfants d’une école primaire de Fort-de-France dans le cadre d’un concours de l’UNESCO. Notre travail a été classé 15ème sur un total 834 candidats. Nous avons réalisé ensemble une oeuvre s’inspirant de mon travail sur le thème de la vie sauvage.
Quel type d’homme es-tu aujourd’hui ?
Je suis un homme consciencieux ne supportant pas l’injustice, en quête de liberté créative avec les yeux braqués sur le monde. Je refuse l’enfermement de la pensée et prône pour plus de poésie dans nos actes de la vie quotidienne.
Dans la série si tu étais
Si tu étais un instrument tu serais ? Pourquoi ?
Le shekere. Si difficile à jouer mais tellement spécial.
Si tu étais un sens tu serais? Pourquoi ?
L’odorat pour embrasser d’avantage l’impalpable.
Si tu étais une citation? Pourquoi ?
L'expérience est un feu qui n’éclaire que celui dont il a brulé les doigts.
Je fais corps avec cette citation car elle est moi un de mes principes de vie. J’essaie de gérer les moments difficiles comme de véritables enseignements pour toujours rebondir.
Si tu étais un animal tu serais ?
Un oiseau. Ma peinture automatique fait souvent jaillir des formes hybrides rappelant l’oiseau. Cet animal symbolise mon besoin de protéger ma liberté et ma quête d’indépendance dans mon travail artistique.
Peux tu partager avec nous un titre qui t’inspire et te permet de te dépasser ?
Avishai Cohen – ‘Dreaming’
As-tu un lien particulier avec tes « zigidis »?
Mes «zigidis» sont des êtres hybrides protecteurs passeurs d’histoire. Ils émergent de ma peinture automatique et m’amènent au dépassement. Ce sont presque des guides spirituels.
La vie étant une somme d’événements parle nous des expériences acquises. Ton regard à t il changé ? Le Ricardo du début est-il encore présent?
Les expériences de la vie, au delà de notre éducation , influencent la construction de notre personnalité et forgent une certaine maturité.
J’ai cheminé dans ma vie en étant vigilant sur les valeurs fondamentales de mon éducation et en laissant place à la découverte de nouvelles expéreinces.
Mon regard sur la vie et ses problématiques évoluent constamment. Mais certains traits de ma personnalité notamment ceux liés à mon enfance perdurent.
Quelle est l’importance de la culture au sein de notre société selon toi?
Les politiques culturelles doivent être investies comme une priorité dans un souci d’évolution et d’encrage dans la modernité.La culture est un levier de développement important à actionner dans la lutte contre les inégalités dans notre société martiniquaise.
Nous devons repenser la culture avec un accent particulier sur la coopération mondiale.
Nous sommes martiniquais, caribéens mais aussi citoyen du monde.
Les politiques culturelles doivent faire émerger des projets de collaboration avec les autres pays du monde, des échanges inter générationnels et des dynamiques d’espoir.
Notre société a besoin de poésie. Nous devons l’investir et la faire grandir en même temps que «nous-mêmes».
Je sais que tu travailles parfois avec des jeunes. Selon toi en quoi ce rapport de transmission est-il important pour nous caribéens ?
La transmission fait partie de la formation des jeunes. Nous devons oeuvrer à fortifier un avenir meilleur pour notre jeunesse. Il est primordial pour moi de toujours associer nos enfants à nos envies d’émancipation et de nouvelles dynamique de changement dans notre espace caribéen.
Je suis en pleine préparation de mon exposition personnelle prévue en novembre 2016 en Martinique. Je présenterai de nouvelles pièces marquant une évolution certaine de mon propos artistique.
Je suis en train de mettre en place un grand projet de collaboration avec les enfants s’étalant sur deux années de recherche et de création artistique avec des connexions au delà de la Martinique.
Des collaborations avec plusieurs pays de la Caraïbe se mettent en place tranquillement.
As tu encore des rêves encore ? Où aimerais-tu exposer ? Sur quel grand projet aimerais-tu travailler ?
Les rêves fondent mon envie de cheminement et d’évasion. Je suis un grand rêveur. J’en ai des tonnes. J’aimerai bien exposer dans un grand musée dans un pays en dehors de la Caraïbe. Je serai très heureux de travailler sur un grand projet international avec des artistes du monde entier avec une vraie dynamique de collaboration et de d’échanges culturels.
Je vais te demander de fermer les yeux de faire appel à tes 5 sens et de me dire ce qui te vient quand on te dit Martinique
Nature, melting pot, la Montage Pelée, l’odeur des essences sur les marchés de fruits et légumes, le son du tambour, les cyclones.
Merci encore pour ce moment privilégié en espérant te voir très bientôt
Merci à Üart. Longue vie et bonne continuation.
Contact: ozl.ricardo@hotmail .fr
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