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10 Août

Interview de Krystel Markos

Thomas Jefferson disait « Je crois beaucoup en la chance et je constate que plus je travaille, plus la chance me sourit. »

N’attendez pas le succès, travaillez pour!
 
Parcourons ensemble l’univers de la talentueuse fashion designer Krystel Markos. Audacieuse, conquérante et minutieuse, Krystel est une jeune styliste passionnée par la mode depuis sa plus tendre enfance. Aussi douce et sensible qu’une fibre de soie, aussi chaleureuse que du cachemire en pied de poule qu’elle affectionne tendrement, elle tisse ses créations jusqu’à la membrane et donne un véritable souffle aux oeuvres qu’elle crée. Si la signature de la styliste s’en ressent à travers ses confections et sa créativité, la femme elle, de part son intensité, procure et transmet irrémédiablement sa vision. Une vision positive de son art, de la vie, mais également de l’entreprenariat au féminin. Jupiterienne dans l’âme Krystel en impose de part son charisme, son franc-parler, sa rigueur et son professionnalisme. ‎
 
Je vous invite donc à me suivre dans cet entretien qui apparait ici telle une invitation à cesser de réprimer  notre liberté, notre réussite, à prendre le risque de sortir de notre zone de confort,  à oublier les excuses et oui osez,  »Osez » agir. Car en definitif quoique vous viviez vous pouvez en faire quelque chose. Soyez généreux avec vous, reconnaissez vos talents et ce que vous êtes. Allez au contact des personnes qui vont vous inspirer et inspirez à votre tour. Mettez à l’honneur les valeurs telles que l’honnêteté, le respect, l’humilité, la loyauté et utilisez votre énergie au service de votre coeur à l’image de cette fabuleuse jeune femme que je vous laisse découvrir. Krytel Makos plus qu’une styliste… une femme en or. 

_DSC3014 Bonjour Krystel,

Merci d’avoir accepté cette interview. Tout d’abord pourrais-tu te présenter pour ceux qui ne te connaitraient pas ?

Je m’appelle Krystel Markos,

créatrice de mode pour homme et femme, styliste-modéliste de vêtements et d’accessoires de mode.

J’ai 34 ans, je suis née en Guyane française, de parents Martiniquais. Je réside actuellement en Martinique où j’exerce ma passion depuis une dizaine d’années.

Quel a été ton parcours?

En 2002, après l’obtention de mon Baccalauréat Artisanat et Métiers d’Art, je pars me perfectionner dans la plus grande école de Mode à Paris, la Chambre Syndicale de la Haute Couture Parisienne, que j’intègre par un concours d’entrée.

En 2004, durant ma dernière année d’étude, je participe au Concours International des Jeunes Créateurs, ma réalisation fut sélectionnée pour la Fashion Week du Japon. Et c’est avec brio que j’obtiens mon diplôme de styliste-modéliste en fin d’année.En 2005,

je fis mes premières armes dans les maisons de couture Paco Rabanne et Balenziaga.

En 2006, je retourne vivre sur mon île, dans l’espoir de développer mon secteur d’activité. Très vite je suis intégrée dans une petite structure de production où je réalise de nouvelles coupes, des prototypes qui sont destinés à l’industrie. En 2008, je m’envole pour l’Asie pour travailler durant un mois dans un bureau de style situé à Bangkok afin de concevoir plusieurs collections pour une société pour laquelle j’étais designer.

En 2012, je décide de créer ma propre marque de vêtements

 et d’accessoires de mode qui porte tout simplement mon nom. Krystel Markos est désormais une marque déposée qui figure parmi les marques françaises. En 2013, J’atteins la troisième place du Concours International Des Créateurs à l’école Studio Mode Paris, sur 301 concurrents. Ce n’est qu’en 2013, que je présente ma toute première collection « Ethnico-chic » au Château Depaz. Cette dernière est inspirée de la diversité ethnique de la Martinique. En 2014, je présente ma seconde collection « Noir Galactik » à l’International Succès Institut pour la première fois en Guadeloupe lors de la Succeed in Fashion Show. Dans la même année, je décide de lancer ma première ligne de bodies « My Body Collection ». Volume, transparence, dentelle irisée, épaulettes, asymétrie composent ces pièces uniques. En 2015, je crée ma troisième collection nommée « l’Envolée Graphique » avec laquelle je pars représenter la Martinique à la Kreyol Fashion Days en Guadeloupe puis à la Caribbean Fashion Week en Jamaique qui conquis le public anglophone. Sur mon île, je suis  d’ailleurs récompensée dans la même année, je reçois le prix du jury de la Meilleure Créatrice de Mode 2015. J’ai également participé à l’émission Première de la Mode, aux côtés de créateurs internationaux, ma collection avait d’ailleurs impressionné le public. J’ai déjà organisé de nombreux défilés, dont deux éditions de Summer Fashion Show suivis de ventes privées avec à mes côtés mon bras droit, l’organisateur d’événementiel William Bérisson. Des évènements de qualité qui je dois dire ont remporté un franc succès. J’ai fait mes premiers pas dans l’audiovisuel également en tant que costumière pour des films ou des clips vidéos. Je réalise notamment des tenues pour le film « Les Passagers » par le réalisateur Benoît Pélage, film nominé au concours Prix de cours. J’ai eu la chance de rencontrer Jocelyne Béroard lors de ce tournage, qui par la suite m’a sollicitée pour la réalisation de sa tenue de scène pour le concert de Kassav qui a eu lieu le 18 novembre 2016 en Guadeloupe.

 En 201­6, je réalise les costumes du film SO.CI3.TY par le réalisateur Martiniquais Khris Burton, qui a été nominé à Los Angeles et New York.

Dans la même année, je suis contactée par Admiral T pour la réalisation de ces tenues de scène pour se produire à Bercy. Une première tenue a été dévoilé le 1er septembre dernier, placardée dans le métro Parisien. Cette nouvelle affiche de communication annonçant le concert a eu beaucoup de succès. Cette première réalisation noire et or, taillée et ajustée sur mesure pour Admiral T, est inspirée des costumes impériaux et revisitée, elle est composée de nombreux galons et ornements dorés, de paillettes métalliques brodées.

Quels en sont les dates clés selon toi ?

Je dirais que ces cinq dernières années ont été décisives pour me faire un nom dans le milieu de la mode en Martinique. Mais ce serait tout d’abord le lancement de ma marque en 2012. Puis en mai 2013, l’année où je présente ma première collection au grand public. 2015 fut également une année charnière avec plusieurs défilés à mon actif, la sortie de deux collections et la participation à la Fashion Week en Jamaique, ainsi que ma remise de Prix qui fut une belle récompense et à la fois l’accomplissement de mon parcours de cette année là. Pour finir, je dirai mes premières collaborations avec des artistes qui m’ont sollicités pour leurs tenues scéniques en 2016.

D’où te vient cette passion ?

J’ai toujours voulu faire ce métier. Cela remonte à l’enfance, cette passion est née d’une admiration pour mes tantes couturières, ainsi que ma mère également douée en couture qui me confectionnait mes robes et mes costumes de carnaval à l’école primaire, où encore mes jupes écossaises pour aller au collège. je prenais plaisir à les regarder coudre.

Gamine, âgée de 6 ans à peine, je récupérais les chutes de tissus tombées par terre, pour en faire des robes pour mes poupées

 à l’aide de ma première machine à coudre à piles, ou encore des petites bourses cousu main pour y ranger mon argent de poche. J’avais aussi cette passion pour le dessin et les travaux manuels. Je pouvais rester des heures enfermée dans ma chambre à dessiner ou à peindre. Je ne me déplaçais jamais sans mon classeur à dessin. Et un beau jour une amie de ma mère me dit “tu dessines de jolies robes, tu veux être styliste quand tu seras grande?” A ce moment là je n’avais que 8 ans, je n’avais jamais entendu ce mot, je lui ai demandé ce que cela voulait dire. Elle m’a répondu que c’est exactement ce que je fais en imaginant des robes que l’on pourrait réaliser. C’était ma passion mais j’ignorais que ça pouvait être un vrai métier, sa réponse a créé ce déclic chez moi, très vite après le collège je me suis orientée dans cette voie, et c’est ainsi que j’ai pu faire de ma passion mon métier…

Quel message souhaiterais tu faire passer aux jeunes ou moins jeunes pour les motiver à aller au delà de leurs limites à se réaliser pleinement ?

S’ils sont bercés comme je le suis par une passion, je leur dirai de vivre leur passion à 200%. La route est longue mais qu’ils ne perdent pas de vue leur objectif.

N’ayez pas peur d’oser même si vous vous trompez, vous apprendrez ainsi de vos erreurs.

 Et comme disait Albert Schweitzer : “Le succès n’est pas la clef du bonheur. Le bonheur est la clef du succès, si vous aimez ce que vous faites vous réussirez”…

Pourrais-tu nous décrire ton style ?

Je qualifierai mon style plutôt d’ avangardiste, j’invente des coupes parfois futuristiques, je suis dans la recherche constante d’innovation.

Je tourne plutôt autour d’un univers glamour chic. Je dirais qu’on retrouve dans mes créations un brin de modernité et de fantaisie par un mixe de culture et de style, des choix audacieux de matières non prédestinées, pour des looks sophistiqués.

Qu’essaies tu de transmettre à travers ton exercice?

La création est pour moi un mode d’expression qui libèrent des émotions. Mes réalisations représentent une partie de moi, et  j’essaye de transmettre ces émotions à travers cet art, du plaisir visuel, et de l’amour du travail bien fait. Je veux vraiment que l’interlocuteur ressente toute ma passion…

Qu’est ce qui t’inspire aujourd’hui ?

Tout peut m’inspirer, la nature, une couleur, une discussion, un voyage, une personne…Mon cerveau est constamment en ébullition d’idées. Mais je dirai que la matière première m’inspire plus particulièrement, lorsque je la découvre, au touché, je la visualise déjà en 3D, elle évolue dans mon imaginaire, pièce par pièce, jusqu’à former cette création unique.

En quoi puises-tu pour te dépasser au quotidien ?

Je puise essentiellement dans ma force intérieure, les énergies positives qui m’entourent et mon mental, c’est ce qui me permet d’accomplir et réaliser chacune des missions du quotidien.

_DSC3010Krystel Markos en quelques mots ça donnerait quoi ?

Krystel Markos au-delà de la personne que je représente, c’est aussi devenu une marque, un style, une identitée visuelle forte et universelle conçue et réalisée par la Caribéenne que je suis.

Je suis une femme accomplie, déterminée, mystérieuse parfois réservée et solitaire. Mais au delà de l'entrepreneuse, je suis une maman comblée et protectrice avec mon petit bout.

Selon toi l’élégance c’est ?

L’élégance pour moi c’est l’art d’allier le style à la sobriété tout en gardant sa propre identitée. Je dirai d’une personne avec un look sobre et épuré qui a du caractère, et l’attitude qui va avec, que c’est elle qui habille le vêtement et non pas le vêtement qui l’habille…

Une mise en condition particulière avant une période de rush ?

Non, pas véritablement. En général avant le rush je suis souvent sur d’autres rush, car il m’arrive de travailler sur plusieurs projets en même temps, ce qui me laisse peu de temps pour faire une pause. Je prends surtout le temps d’évacuer le stress et la pression après une période de préparation de défilé.

Un conseil pour avoir du style ?

Si j’ai un bon conseil à donner pour avoir du style, ce serait de ne pas trop en faire, il faut vraiment éviter la surcharge d’accessoires et tomber littéralement dans le too much et le mauvais goût. Il faut également éviter d’utiliser plus de trois couleurs, ou le ton sur ton qui est dépassé. Si vous souhaitez être au top et avoir du pep’s en toutes circonstances, il est préférable d’opter pour des indémodables qui traverseront le temps, ou encore des basics accessoirisés d’éléments tendances avec des touches de couleur ou d’imprimé.

Vous pouvez par exemple casser un look trop classique avec une couleur opposée en “touch” etc… Car 

comme le disait Coco CHANEL “La mode se démode mais le style jamais”...

Le plus beau compliment que l’on puisse te faire ?

Pour moi le plus beau compliment que l’on puisse me faire est muet, c’est ce regard ébahi qu’ont des personnes devant mon travail, ou de clients satisfaits qui ne trouvent pas les mots, c’est un sentiment non palpable à la fois de satisfaction personnelle, d’une mission accomplie.

Quel est ton plus beau souvenir ?

Mon plus beau souvenir c’est mon séjour en Jamaique lors de

la Caribbean Fashion Week en 2015

. J’ai très bien été accueilli par les Jamaicains. Je me suis d’ailleurs fait quelques amis. J’ai pu visiter le musée BOB MARLEY à Kingston, mais aussi déguster de gigantesques “Ice Cream” artisanales aux parfums exotiques. Et bien sûr le “Standing ovation” lors de mon “Fashion Show” restera mémorable…

“Magical moment”.

  J’ai le projet d’y retourner prochainement pour visiter cette fois-ci car c’est une île chère à mon coeur que je rêvais de découvrir…

_DSC3042Qu’est ce qui te fait rire ?

C’est aléatoire, je dirai une bonne blague, et certains humoristes. Mais un rire communicatif d’une autre personne peut devenir contagieux et me donner ce fameux fou rire qui ne s’arrête jamais. Par contre je ne me laisse pas aller à des moqueries faciles sur l’apparence des gens ou encore le physique.

La tendance phare du moment ?

Le style ethnique est indéniablement la tendance phare du moment. Toujours présent il s’est vu faire un bond ces dernières années. Le tissu africain ou encore le wax ont envahis le monde et s’invitent dans la garde-robe de quasiment toutes les nations. Le wax a été repris et détourné à l’infini par l’industrie et même les plus grandes enseignes et les grands créateurs l’ont intégrés dans certaines de leurs collections. On retrouve de l’ethnique partout dans la mode, la décoration, l’accessoire, l’ameublement… et j’en passe.

La caribéenne selon Krystel Markos ?

Je considère que la caribéenne est une femme riche de par son métissage multiculturel.

 Elle a de l’allure avec son afro crépu, ses cheveux bouclés ou frisés, ou encore ses dread locks, qu’elle affiche fièrement aujourd’hui. On assiste à un grand retour au naturel chez la femme noire partout dans le monde y compris dans la Caraïbe. Etant moi-même une caribéenne dans l’âme, je n’ai jamais eu recours au défrisage car j’ai toujours assumé mon cheveu… Fière de représenter une « caribbean girl »

Un défilé est parfois si court comment capter l’attention du public et raconter une histoire en si peu de temps ?

Tout commence par une idée, je constitue un brainstorming, j’en tire un thème avec une gamme de couleurs que l’on retrouvera sur toute la série, je commence par la conception, plusieurs croquis sur cette même thématique. C’est alors que naît une collection d’environ une vingtaine de modèles sur un dénominateur commun, avec le même fil conducteur pour chaque tenue ce qui permet au public de s’y retrouver et ainsi décortiquer l’idée de départ et comprendre la démarche artistique que j’ai voulu faire passer…

Dans la série si tu étais

Si tu étais une matière tu serais ? Pourquoi ?

Je serai du tissu bien sûr, et le pied de poule en particulier tout simplement car elle représente ma matière de prédilection.

Si tu étais un animal tu serais? Pourquoi ?

Je serai un joli dauphin car j’aime beaucoup les dauphins, c’est beau et souriant, j’aime aussi nager et je rêverai d’explorer les fonds marins, mais j’en ai la phobie en même temps alors que si je me retrouvai dans la peau de mon animal préféré, j’en profiterai pour réaliser ce rêve…

_DSC2992Si tu étais un style? Pourquoi ?

Je serai le Style “Street Wear” car je suis avant tout une citadine et aussi parce que j’aime son côté confortable et pratique. J’ai connu ma période de garçon manqué où je portais des baguys et des tee-shirt oversize. Ca faisait un carton à l’époque dans les année 90. De plus, le “Street Wear” est en constante évolution. Il se conjugue aujourd’hui avec des matériaux sophistiqués ou associés à des accessoires bling-bling qui le mette en valeur.

Si tu étais l’une de tes créations tu serais ?

Je serais mon fameux body noir et blanc, avec des manches démesurément bouffantes à rayures, car j’aime beaucoup cette réalisation, ce contraste du volume inattendu des manches sur un body qui se veut près du corps.

Si tu étais une citation tu serais?

Life is to short to wear boring clothes

, « La vie est trop courte pour porter des vêtements ennuyeux. »

Qu’est-ce-que l’entreprenariat selon toi ?

C’est avant tout avoir des responsabilités, être son propre patron.

J'assume dans mon quotidien toutes les casquettes, c'est à la fois effrayant et stimulant certains jours.

 Être son propre patron c’est bien parce qu’il y a une notion de liberté, par ailleurs c’est aussi une double pression par rapport aux nombreuses responsabilités de l’entreprise.

Quelle est selon toi le secret de la réussite ?

Pour moi le secret de la réussite c’est d’avoir une hygiène de vie, un mental de sportif, d’être en accord avec ses valeurs et surtout d’avoir de la determination. Etre entourée par un maillon positif m’a encouragée a devenir la femme que je suis et celle que j’aspire être.

On ne se construit jamais seul.

 C’est pourquoi je tiens a remercier tous ceux qui me suivent et m’encouragent à vivre mon rêve depuis le début.

_DSC3026Comment en tant qu’entrepreneuse arrive t-on a gérer sa réussite en parallèle sa vie de femme et de maman?

Je suis sans cesses dans une quête de performance. Je franchie des étapes les unes après les autres comme je peux sans oublier l’essentiel. Telle une sportive, je me nourrie de tous les obstacles. Mon passé dans l’exercice de l’athlétisme m’a forgée et a influencé mon mental de gagnante. Faire du sport, être dans les starting blocks et sentir ce frisson au top départ pour une course de 100M crée un mental d’acier.  Dans ce sport comme dans d’autres, on s’arrête à la ligne d’arrivée pas avant. Fatiguée ou non,

le show continue tant que le travail n'est pas abouti

 et que l’on entend pas les applaudissements je fais de même dans ma conception du stylisme. Ma plus belle récompense est de serrer mon fils dans mes bras, il est mon premier fan et m’inspire dans mon quotidien. Je ne dissocie pas mes trois casquettes, je suis un tout et je vie à 100% mes trois rôles.

Osons briller, osons réussir,

 nous n’avons plus à choisir laquelle des casquettes prends l’avantage puisqu’en 2017 nous avons la chance de vivre dans l’un des pays qui permets aux femmes de s’exprimer et d’oser être tout à la fois, d’être aussi grande et puissante qu’elle le souhaite. Cessons de prendre comme excuse les moyens financiers, quand on veut vraiment on le fait peut importe les risques, peu importe les privations, c’est cela l’esprit d’entrepreneur. Avoir la gagne quelque soit sa situation financière, on crée, on innove, on se surpasse et chaque soir on est fier du parcours.

Même si c'est dur certains jours

 on mange très peu, on se saigne parfois pour acheter du matériel, du tissu, la finalité est merveilleuse. La lueur dans les yeux des spectateurs, 

le rêve accomplit n'a à ce moment là pas de prix.

_DSC3031Que pourrais-tu dire aux lecteurs afin de les encourager à acheter les créations de stylistes caribéens et à plus forte raison les tiennes? 

Dans la caraïbe nous avons des talents qui sont parfois aussi doués que les internationaux, mais il nous manque non seulement les moyens de vivre pleinement de notre art, mais aussi le pouvoir de nous exporter et de faire connaitre notre travail. Quand vous achetez nos créations, vous achetez une partie de notre histoire, une part de notre authenticité, de notre originalité et vous valorisez le temps que nous accordons au processus de créations et à la dextérité acquise au fil des années. Mes créations sont par exemple comparées à des pièces de créateurs reconnus par leurs pairs dans le monde de la mode.

Prenons simplement conscience de nos talents, du fait que nous aussi nous pouvons être grands et ce avant que le déclic ne s'opère chez les créatifs tous domaines confondus et ne nous pousse à partir de la Martinique ou de la Caraïbe par manque de reconnaissance.

En sommes, encouragez-nous en achetant nos créations !

Si tu étais un geste tu serais ?

Je serai ce geste inné qui vient de l’intérieur, formé par la tension de muscles aux deux coins de la bouche. Je serai ce sourire expressif car il témoigne en général de la sympathie. De plus, le sourire est un langage universel, qui réconforte quand on est triste et met de bonne humeur. C’est un geste qui engendre du positif à celui qui reçoit ce sourire… Alors n’oubliez pas de sourire, ça fait du bien au moral et ça guéri l’âme en peine…

_DSC2997La vie étant une somme d’événements parle nous des expériences acquises mais aussi de ton expertise. Comment se passe ta vie de designer en Martinique ?

Je dois dire que mon parcours m’a permis d’acquérir une certaine notoriété. Mais j’ai également appris de certaines de mes erreurs, de mauvais choix ou de mauvaises décisions.

Je me suis toujours battue pour faire vivre ma passion.

Je ne suis pas née avec une cuillère en argent à la bouche. J’ai dû faire mes preuves et me débrouiller seule plus souvent que rarement. Je n’ai jamais bénéficié d’aide, ni d’aucune subvention, j’ai tout fait par moi-même avec les peu de moyens que j’avais à disposition et ce jusqu’à aujourd’hui.

Quels conseils donnerais-tu à un designer qui voudrait se lancer ?

Je n’aurais pas la prétention de dire que je suis meilleure qu’un autre pour donner des conseils, car j’apprends encore sur ce beau métier. Je dirai juste que si un designer ressent cette vocation dans ces tripes qui le démange, ben

qu’il fonce et ne s’arrête jamais en chemin

 et de s’armer de courage car il ne faut pas se voiler la face, c’est effectivement un métier passionnant mais tout n’est pas toujours tout rose au-delà des podiums et des paillettes…

Pour exercer ce métier il faut ?

Il faut se former dans le domaine bien sûr, un minimum de formation est nécessaire, connaître les codes de mode, s’intéresser aux tendances, avoir quelques notions de bases en dessin. Il faut du bon matériel, une machine à coudre, une bonne paire de ciseaux,

Il faut avant tout être patient, avoir du temps, car créer ça demande énormément d’heures de travail, des sacrifices, des nuits blanches. Il faut aussi être minutieux et avoir de la rigueur. Il faut être précis dans son geste, car on a pas droit à l’erreur, une fois que la matière est taillée. Il faut évidemment avoir de bonnes idées pour se démarquer des autres car la concurrence est rude.

Il ne faut pas avoir peur de la critique, quelle qu’elle soit, positive ou négative. Cela permet d’avancer.

Il faut tout simplement être passioné par ce métier.

Selon toi que manque t-il à la Martinique pour devenir une destination incontournable de la mode et à contrario quels sont nos points forts ?

Vraisemblablement, je dirai qu’il manque une structure qui encadrerait le milieu de la Mode en Martinique, comme par exemple un syndicat de la Mode. Et pour que notre île soit une destination incontournable de la Mode, il lui faudrait sa propre Fashion Week. Autrement, je trouve qu’il n’y a pas mal d’évènements dédiés à la Mode en Martinique et surtout cet engouement chez la population locale de plus en plus consommatrice de produits de créateurs.

Intègres-tu le choix de tes créations dans cet environnement caribéen qui est le nôtre par le choix de matières entre autres ?

A vrai dire, mes créations contrastent cet environnement caribéen par leur consonance plutôt international si je ne m’abuse. Je dois avouer que l’on ne ressent pas toujours cette empreinte caribéenne dans mes choix de matières, car j’ai une vision de la mode plutôt large et universelle, je n’ai pas voulu me créer de limites ; je peux dire que mes créations voyagent au-delà des frontières de la caraibes mais avec un label Made in Martinique, et c’est là toute la différence. C’est une sorte de revanche, et une manière de montrer qu’on vit sur une île oui, mais qu’on est capable de faire autre chose que du traditionnel.

La culture selon toi c’est ?

Je considère que la culture est une transmission, tout ce qui est possible de partager et d’apprendre. La culture peut être propre à chaque individu, on peut créer sa propre culture, et elle devient un mode de vie influencé par d’autres cultures à travers lesquelles on s’identifie et se construi. La culture peut aussi caractériser les matières créatives à travers l’art et les œuvres.

L’art est- il accessible à tous ?

L’art peut être accessible à tous, tout dépend du type d’art. Parfois l’art demande une certaine connaissance des techniques artistiques ainsi que son contexte historique afin de comprendre et décortiquer une œuvre. Cependant l’accès à l’art peut quand même varier suivant plusieurs facteurs comme le temps que l’on lui accorde et de l’envie ou non d’y accéder.

Comment faire du monde de l’art un noyau qui puisse rassembler ?

Et bien avant tout il faudrait plus de tolérance entre nous les artistes quelques soit le domaine d’art.

Il faut véritablement que chacun accepte la démarche artistique de l’autre, et arrêter la compétition malsaine car il y a de la place pour tout le monde,

ainsi nous pourrions envisager d’unir nos forces et avancer ensemble…

Si tu devais t’engager pour une cause ce serait ?

Si je pouvais un jour le faire je m’engagerai dans la cause humanitaire, afin d’apporter mon aide aux populations les plus pauvres, car je n’aime pas voir les gens qui meurent de faim en souffrance juste par manque de moyen, surtout qu’à contrario les multimilliardaire ne lèvent pas le moindre petit doigt pour aider ces populations en détresse… C’est rageant!!

Si tu devais parler à la petite Krystel que lui dirais-tu ? Quel conseil lui donnerais-tu pour aborder de nouveau sa vie ?

Je lui dirai de beaucoup réfléchir avant chacune des décisions qu’elle aura à prendre, d’évaluer le pour et le contre, de prendre un certain recule quand cela est nécessaire et toujours relativisez pour qu’elle garde confiance en elle et en la vie. Je lui dirai aussi de ne jamais baisser les bras, de vivre pleinement sa passion et surtout de prendre le temps de réaliser chacun de ses rêves de petite fille…

Qu’est-ce que le bonheur selon toi ?

Il me sera difficile de m’étendre sur une définition générale du bonheur car pour moi il s’agit là d’une opinion personnelle qui se distingue du bien-être et du plaisir. C’est également selon moi une situation jugée selon les goûts et les préférences de chaque personne. Le bonheur c’est l’indice de l’accomplissement de sa propre nature. 

C’est à nous de le créer, de le faire exister et surtout de le faire durer...

As-tu encore des rêves ? Sur quel grand projet aimerais-tu travailler ?

Evidemment, on a tous des rêves. Je n’en ai pas encore réalisé la moitié. Je souhaite participer à d’autres Fashion Week, notamment celle de New York qui me fait rêver. J’ai déjà été contacté par l’organisme qui sollicite les designers, maintenant c’est juste une question de temps de budget et d’organisation. Et pourquoi pas habiller une star internationale par la même occasion.

Parlons de ton actualité et de ce fait de ton prix coup de coeur du jury au concours Luminas :concours qui rappelons-le comptait 450 candidatures cette année. Comment as-tu accueilli cette nouvelle et que penses-tu de cette initiative?

Ça a été  un honneur, une grande joie pour moi de recevoir ce prix je ne m’y attendais pas du tout et je suis ravie. À l’annonce des résultats j’étais en plein rush de collection. J’ai donc accueilli ce prix comme un signe, une façon qu’avait le destin de me dire « continue ».

Le jour de la manifestation j’ai eu beaucoup d’émotions sur le podium.

Avoir ma famille à mes cotés et être reconnue et décorée chez moi c'était émouvant et gratifiant.

 C’est une initiative extraordinaire de mettre en avant les talents, les jeunes. C’est encourageant pour la jeunesse martiniquaise et donc une belle initiative. Nous créateurs qui endurons le quotidien nous avons besoin de ce genre d’initiatives qui nous mettent à l’honneur.

Je vais te demander de fermer les yeux de faire appel à tes 5 sens et de me dire ce qui te vient quand on te dit Martinique.

Terre d’évasion, beautiful island, nature, la faune et la flore, saveurs épicées, de délicieux cocktails, de magnifiques paysages, des randonnées, le sable noir de la plage du Carbet, les accras de morue, la Montagne Pelée, le dombré de ciriques, la mangue julie, les coups de soleil, le sable chaud, le Tombolo à Sainte-Marie, l’oeil bleu, le Rocher du Diamant, le son du tambour, la musique caraibéenne, le zouk, l’artisanat, le bruit des vagues qui meurent sur les rochers, le chant du coq le matin, le pain au beurre chocolat, l’odeur de la cuisine locale, l’air marin, les senteurs exotiques… Je pourrais continuer durant des heures tellement 

je l’aime cette belle Martinique...

Aurais-tu un dernier message à adresser aux lecteurs de ÜART ?

Je tiens tout d’abord à remercier ÜART de m’avoir sollicité pour cette interview, et j’inviterai les lecteurs à me suivre via mes réseaux sociaux pour découvrir ou re-découvrir mon univers.

Merci encore pour ce moment privilégié en espérant te voir très bientôt

ÜART. ©

Contact: Krystel Markos

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krystelmarkos

Portraits photos: © Georges-Emmanuel Arnaud

Artiste: Krystel Markos

Mua: Katryn’s

Visuel gallerie: Yvan Cimadure-Méry

Chef de projet, Pigiste: ÜART©

Yetta.U

Epicurienne dans l'âme, passionnée d'art et de design partagez avec moi mon univers teinté d’influences caribéennes et de mes coups de coeurs de part le monde. Tel une cure de jouvence entrez vous aussi dans le bain ÜART !

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